Étape 1 : Immersion locale chez Ramjee et Kalpana à Katmandou


Pour débuter mon voyage au Népal, je tente le Couchsurfing et sejournerai chez Ramjee et Kalpana. Ramjee, père de famille d'une cinquantaine d'années, joueur de badminton et fan de cricket, cultive son riz et ses légumes dans son jardin et me fait découvrir l'agitation et les merveilles de Katmandou sur sa moto. Je découvre une ville de prime abord poussiéreuse et encore abîmée par le tremblement de terre de 2015, mais aussi rythmée par les mantras et les moulins des temples bouddhistes.

A table, le soir, on ne s'ennuie pas. La mère de Ramjee, 80 ans et tatouée de la tête aux pieds, semble avoir beaucoup de choses à me dire mais ne parle pas un mot d'anglais. Le fils fait la tronche, surement désespéré de voir son père draguer des étrangères de 20 ans via Couchsurfing. La femme, Kalpana, me ressert en épinards, en Momos et en poulet trois fois sans me demander mon avis. Ramjee, lui, me répète en continu dans son anglais approximatif : "Are you ok ? Are you hungry ? Are you tired ?" Et tous en coeur, ils forment des boules de riz mélangé à la sauce entre leurs doigts, aspirent leur thé trop chaud, raclent leurs gorges, crachent par la fenêtre, et quittent la table pour vaquer à leurs occupations respectives.

Ramjee ne me laisse pas une minute de repos et d'intimité, il est un peu trop tactile à mon goût et me présente à ses amis du village comme un trophée. C'est pourquoi malgré leur accueil chaleureux, je suis tout aussi contente de prendre mon envol 4 jours plus tard direction Pokhara.


Étape n°2 : Plaisir coupable de se retrouver entre touristes à Pokhara


Le trajet Katmandou-Pokhara va vous faire regretter le bus 81 de Saint-Ouen à 8h du matin. "6h de route" qu'il disait ; je suis partie à 7h et je suis arrivée à 21h. Mais croyez moi, les paysages aident à faire passer le temps.

Je comprends vite qu'il y a deux types de touristes à Pokhara :

- les trekkeurs, avec leur bermuda et leurs chaussures de combattants, casquettes et crème solaire, mollets en béton, qui profitent de toutes les activités à sensations fortes de la ville (parapente, kayak, saut à l'élastique) avant de s'aventurer pour un trek de 15 jours dans les montagnes de l'Himalaya.

- et les hippies : dreadlocks, tatouages, sarouel, bijoux locaux... Certains se pavanent depuis presque 5 mois, sans se soucier de quoi que ce soit, fument du matin au soir et se retrouvent au bar des expatriés du coin en attendant le "rainbow gathering" à Lumbini. Et moi, je suis un peu entre les deux.

Premier jour, il est 9h. Equipée de ma bouteille d'eau et d'un programme rédigé à la minute près, je suis déterminée à découvrir la ville sous tous ses angles. J'allais franchir le pas de la porte de l'auberge quand le réceptionniste me dit "hey Lisa, these guys are french too !". C'est comme ça que je rencontre Sara, Chris et Alex, et que mon programme tombe à l'eau pour laisser place à 5 jours où nous allons errer, glandouiller, flâner, traîner, buller... bref, chiller. On teste tous les restaurants autour du lac Phewa pour le petit-déjeuner qui s'éternise parfois jusqu'à 15h. On discute de tout et de rien, mais aussi de nos grands projets et de nos rêves. On découvre le cinéma en plein air "movie garden" enveloppés dans des couvertures mouelleuses. On est invités à une soirée hippie dans une maison abandonnée au milieu des montagnes. On loue un bateau pour se baigner au milieu du lac. On regarde les étoiles. On fait connaissance avec les étrangers sur le toit de l'auberge... Bref, ce que je veux dire, c'est que l'important ce n'est pas forcément de cocher toutes les pages de votre guide touristique. Voyager pendant plusieurs mois, c'est aussi rencontrer des gens, les écouter, les suivre, se créer un quotidien et des souvenirs ensemble.


Étape n°3 : on coupe avec le monde le temps du trek Khopra, Annapurnas


Alex s'en va pour d'autres aventures et nous rejoint une petite nouvelle, Léa.

On ne veut plus se quitter, alors Chris, Sara, Léa et moi décidons de partir en trek ensemble. Comme des enfants le matin de Noël, on se réveille pleins d'énergie, prêts à affronter tous les obstacles, à gravir les montagnes jusqu'au ciel et à vivre en parfaite symbiose avec la nature, avec nos deux barres de céréales et notre tente Quechua. Dans la pratique, c'est moins glorieux.

Ben oui, parce que passer de 1070 mètres depuis Nayapul jusqu'à 3400 mètres au village Chistibomg en 3 jours, c'est pas facile du tout en fait, petits innocents ! Chris souffre rapidement du classique "mal de l'altitude", Sara nous crache ses poumons en faisant son yoga matinal et Léa épuise notre précieux stock de PQ. Et moi ? Ça va, si on enlève mon mal de dos, les courbatures aux jambes, les "j'en peux plus !" toutes les 30 secondes, les nuits à grelotter, les sangsues et les araignées, l'eau glaciale, les crottes de buffles... Quoique, tant qu'on voit des crottes de buffles, c'est qu'on est sur la bonne route.

La route, elle est magnifique. On s'arrête souvent pour souffler, mais aussi pour profiter d'une vue imprenable sur les nuages, sur la forêt et sur les sommets de l'Annapurna aux neiges éternelles. La sensation au réveil de s'étirer devant le soleil qui révèle doucement les courbes des montagnes est indescriptible.

Bien que les népalais n'apprécient pas que nous soyons partis en randonnée sans guide et sans porteur locaux, ils nous proposent volontiers de partager leur plat de nouilles, leur soupe, leur thé, ils nous renseignent, nous regardent jouer aux cartes pour comprendre les règles du Kames et nous parlent de leur famille. Nous rencontrons aussi beaucoup de français et des australiens avec qui nous partageons des soirées près du feu des refuges. Sur le chemin du retour, en descendant, on croise des trekkeurs qui commencent leur expédition, avec un visage radieux et une douce odeur de déodorant.

C'est le coeur serré que nous nous réveillons le dimanche matin, septième et dernier jour, et que nous prenons nos tartines de Peanut butter au lit comme une vraie famille. Le lendemain, je coupe le cordon et me sépare du petit groupe.


Étape n°4 : Vivre au rythme du festival Dashain à Bandipur


Après une nuit blanche un peu mouvementée, j'arrive enfin à ma nouvelle destination : Bandipur, village de style newar perché au sommet d'une montagne entre Pokhara et Katmandou, où peu de touristes s'attardent.

C'est exactement ce que je recherchais : pour la première fois depuis presque deux mois, je me retrouve véritablement toute seule pendant 4 jours dans ce petit coin de paradis. Bien qu'une journée suffise pour faire le tour du village, vous serez vite charmés par ses rues étroites en pavés entièrement piétonnes, par ses habitants qui, sourires jusqu'aux oreilles, passent le balai devant leur boutique au petit matin, par les Chowmein et les sucreries du restaurant familial "Pratiksha", par la douceur de vivre du village et par la vue époustouflante à 360° depuis le sommet de la colline au lever et au coucher de soleil.

Qui plus est, je séjourne à Bandipur pendant le festival Dashain. Il faut savoir qu'au Népal, il y a plus de jours de fête que de jours dans l'année ! Dashain dure environ deux semaines, période pendant laquelle le pays est "en pause" et où les prix des transports augmentent considérablement. Les népalais rendent visite à leur famille et commémorent la victoire des dieux sur les démons qui semaient la terreur sur terre. Ne vous attachez pas aux nombreuses chèvres qui se baladent dans les rues : elles seront toutes sacrifiées pour l'occasion et servies en accompagnement du fameux plat traditionnel Dal Bhat. Aussi, des balançoires en bambou sont installées à l'entrée de chaque village pour les plus petits, pendant que les aînés déposent le "tika" sur le front de leurs frères et soeurs pour leur porter bonheur.


Mardi 23 Octobre : Aujourd'hui je m'envole pour deux semaines au Cambodge mais je serai de retour au Népal du 6 au 10 novembre pour la fête des Lumières, le Noël des népalais, que j'attends avec impatience. Une belle façon de clôturer l'épisode asiatique de mon voyage.