"Tu verras, l'Inde, soit tu vas détester, soit tu vas adorer." Combien de fois j'ai entendu et répété cette phrase...

Mais finalement, qu'on aime ou qu'on aime pas, l'important c'est de savoir que le pays ne vous laissera pas indifférent.


Alors oui, l'Inde c'est parfois compliqué. Un chauffeur de tuktuk ne vous dira jamais qu'il ne connaît pas votre destination et sera capable de vous conduire à l'opposé de la ville. Les enfants ne portent pas toujours de chaussures dans les ordures du Old Delhi. En voiture, vous pouvez prendre 1h pour faire 5 kilomètres, coincés entre 3 tuktuk, 2 vaches, 5 chiens, 7 scooters, une voiture en contre-sens et un vendeur de cacahuètes. Vous verrez un pauvre petit poulet se faire massacrer avant d'être servi dans votre assiette. La notion d'hygiène est à discuter. Vous serez fatigués des 34 selfies par jour avec des indiens parfois trop insistants. Vous ne serez jamais servis en même temps au restaurant. Et puis de temps en temps, votre corps vous dira "tu aurais dû éviter ce chicken massala trop épicé". Tout est un peu bancal, mal fini.


Mais après un mois, voici ce que je retiens :


- Bien que mon voyage autour du monde ne fait que commencer, je pense qu'il n'existe que de rares endroits où tous vos sens sont autant éveillés et émerveillés en permanence. Votre regard sera happé à chaque seconde, que ce soit dans des allées étroites ou sur l'autoroute. La rue est comme un immense musée dont on ne se lasse jamais.


- À première vue, c'est le bordel. Mais en fait, c'est un bordel organisé. Le lavoir géant Dhobi Ghat en est un parfait exemple : plus de 1000 lavoirs en plein air, une sorte de bidonville au coeur de Bombay, une tradition de père en fils pour laver le linge de toute la ville qui regroupe 30 millions d'habitants, soit presque la moitié de la population de la France. Et personne n'y a jamais perdu une chaussette.


- J'avais déjà eu la chance de fréquenter des indiens lors de mon stage à Dubaï. Mon voyage n'a fait que confirmer mon affection pour eux. Certes, pour faire dans les clichés, ils n'ont pas les mêmes notions que nous de l'efficacité, du confort et du respect de l'espace vital d'autrui. Mais ils sont souriants, ils sont touchants, bienveillants, débrouillards, ils feront toujours de leur mieux pour vous renseigner, vous fixent avec curiosité et admiration. Je me suis sentie parfois gênée, mais jamais en insécurité. Des défauts, ils en ont et ils les assument : ne vous attendez pas à être ménagés en tant qu'étranger, ils sont au-then-ti-ques.


- 1 mois sans me priver : 600€ tout compris (sauf les billets d'avion). Votre dejeuner vous coûtera moins de 2€ et votre course en Uber moins de 1€. Pas étonnant pour un pays où le salaire moyen est de 40€ par mois. Seuls le Taj Mahal et le Bollywood Show m'ont coûté plus de 10€, disons le prix à payer pour un peu de folklore qui vous donnera des frissons inoubliables.


- Vous verrez des montagnes, des plages paradisiaques, des forêts, des animaux exotiques. Mais la beauté et la pureté du pays résident surtout dans la foi de ses habitants. En France, nos valeurs culturelles se basent, entre autres, sur la liberté d'expression, la littérature, la haute couture, la gastronomie, l'amour du vin... En Inde, j'ai l'impression que la religion est à la base de tout. Hindous, musulmans, chrétiens, siks. Temples, mosquées, églises. Statues majestueuses, symboles d'amour, d'espoir, de chance à chaque coin de rue. Il y a toujours quelque chose ou quelqu'un à remercier, à célébrer. Toujours une raison pour se rassembler, prier, danser, et partager. Allez donc vous poser à 7h du matin au lac sacré de Pushkar, représentation du Dieu Brahma, vous comprendrez. Attention, je ne dis pas que l'Inde ne propose pas une grande diversité culturelle, au contraire ! Cinéma, musique, cuisine indienne, tenues traditionnelles, musées, palais de Maharadjahs et diversité des langues sont aussi au rendez-vous.


- Si vous avez la chance de découvrir l'Inde en plusieurs semaines, ce sera comme plusieurs voyages en un, tant le pays est vaste et différent en fonction des états. Vous pouvez vous noyer dans l'agitation de New Delhi, prendre votre douche dans une rivière au Kerala, danser sur l'autoroute en direction de Vadodara, boire un lassi avec des Israéliens sur Palolem beach, dormir à côté d'un bidonville, avoir les larmes aux yeux durant la prière du temple d'Udaipur, être charmée par un vendeur de peintures sur toile au Rajasthan, ou encore saluer les enfants surexcités d'un bus scolaire à Coimbatore.


Bref, si vous souhaitez vous détendre en vacances, je vous conseille Bali. Si vous souhaitez être dépaysés, bouleversés, intrigués, l'Inde ne vous décevra pas.

Je parle bien entendu en tant que simple observatrice durant 1 mois de voyage, sans entrer dans les nombreux débats que suscitent le pays (guerres de religion, corruptions, contribution au réchauffement climatique, condition des femmes...) mais je n'oublie pas cette petite inscription au marché de Bombay : "How 1 billion people could be wrong ?"