"Quand on arrive dans une ville, on voit des rues en perspective, des suites de bâtiments vides de sens. Tout est inconnu, vierge. Voilà, plus tard on aura habité cette ville, on aura marché dans ses rues, on aura été au bout des perspectives, on aura connu ses bâtiments, on y aura vécu des histoires avec des gens. Quand on aura vécu dans cette ville, cette rue on l'aura pris dix, vingt, mille fois. Au bout d'un moment, tout ça vous appartient parce qu'on y a vécu."

L' Auberge espagnole


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Dernières semaines du voyage, j'en ai profité pour me poser à Montréal dont j'entends tant parler. Et je ne regrette pas mon choix !

Je travaillais au GAB café sur le Boulevard Saint-Laurent, et j'habitais rue Dorion avec 13 colocataires. Des français, canadiens, québécois, une mexicaine, un vénézuélien... à chacun son histoire, ses projets, ses préoccupations, sa langue, sa cuisine, son mode de vie, ses habitudes, ses chagrins, ses soulagements... j'ai adoré vivre avec eux, et voici quelques échanges qui m'ont fait rire parmis tant d'autres :


Aranza : "Welcome to the French supremacy"


Mauricio et Alex : "Do your motherfucking dishes !"


Aranza et Mauricio : "Tabernaculo !"


Mauricio : "Ça marche pas"


Alex : "Tu parles de Lisa Cool ou de Lisa Twerk ?"


Maxime à Mauricio : "I go two days to Québec so... faut pas s'inquiéter"


Moi : "Tu vas où avec tes draps ?"

Gabrielle : "Je vais dormir dehors"


Moi : "T'es allé au musée ?"

Maxime : "Non je me suis réveillé à 17h"


Anaël : "Ah ! Nouvel insecte non identifié dans la cuisine"


Moi : "Having eggs again for breakfast ?"

Mauricio : "Yes, and you ?"

Moi : "Eggs"


Pierre : "Les fourmies ont mangé ma banane"

Moi : "Et moi mon avocat"


Moi : "Gab, on a besoin d'une traduction franco-québécoise dans la cuisine"


Moi : "Tu dînes quoi ce soir Pierre ?"

Pierre : "Du pain"


Alex : "Do you like my new mustache?

Elie : "Yeah, you look more... french"


Aranza : "I think Fanny just made jelly with the pissenlit of the garden.. it took me 6 months to make something grow in this garden"


Anaël : "J'ai eu un accident et maintenant si je fume, je peux faire sortir la fumée par mes oreilles"


Moi : "Why do you keep these bowls in the bedroom ?"

Lisa : "To put my teeth"


Mauricio : "El loco nunca sabe que esta loco"


Gabrielle : "Peux-tu mettre une tune ?"


Aranza : "Exorcist tonight !"


Alex : "Pourquoi ça sent le vieux prout ?"


Gabrielle : "Il est ben ben cute !"


Moi : "C'est quoi le truc rose sur la table ?"

Fanny : "une sculpture de Gabrielle en pâte à modeler"


Paul : "Il fait froid, heureusement que j'ai mon chal !"


Paul : "Il marche tellement pas droit qu'il a multiplié par 4 la distance qu'il devait parcourir"


Gustave : "Et si on écoutait de la musique irlandaise ?"


Gustave : "T'as pas un plus grand chaudron ?"


Fanny : "Je crois que les voisins ne s'aiment plus"


Loïc : "Mais qui bouffe tout le papier toilettes ?"


Moi : "Laissez moi deviner... c'est Gustave qui a ramené un magazine sur L'art du nu ?"


Gab : " Faqueeeee... à tantôt !"


Aranza : "I'm calling the police"


Gustave : "C'est mon chandail de fête"


Marion : "Dommage que David ne soit pas là, il adore ce genre de blagues de beaufs"


Moi : "My feet stink"

Mauricio : "You want some feet powder ?"


Moi : "I'm not sure I'm going to the party"

Mauricio : "But.. isn't it organized for you ?"


Marion : "Lisa, je crois que tu bois dans un vase"


Gabrielle : "Et toi tu fais quoi en rentrant ?"

Maxime : "Je vais bosser sur mon projet de sextoys"


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Alors oui, soyons honnêtes, j'aurai aimé rester plus longtemps dans ce quotidien, voir d'autres spectacles d'improvisation, manger une poutine à la Quinta, faire du vélo au parc La Fontaine, discuter avec mon client préféré au café, faire les boutiques de Little Italy, prendre un verre rue Duluth, écouter les histoires de chacun en rentrant à la maison...

Mais je pense que la magie de ces moments réside aussi dans le fait qu'ils sont éphémères.

Aujourd'hui Paris n'est plus ma seule ville coup de coeur. Il y a aussi Lisbonne, Istanbul, Dublin, New-York, Udaipur, Téhéran, Salvador de Bahia, Buenos Aires, San Francisco... et Montréal.


Pour finir je me dois aussi de mentionner la semaine passée à Halifax avec Thomas, Ludwig et Lukas en Nouvelle-Ecosse. Ils m'ont conforté dans l'idée qu'il était temps de rentrer à la maison, et m'ont fait participer à leurs longues soirées bières/trivial pursuit/anecdotes de voyages.


Nous sommes le Samedi 22 Juin, 18h43. Demain, j'embarque pour la dernière étape du voyage : la traversée de l'Atlantique en cargo.